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Cauchemar des colombophiles

Ils sont le cauchemar de tout colombophile.. Il est estimé que les seuls faucons pèlerins et autours des palombes sont responsables d’une hécatombe de 230 000 pigeons voyageurs français tués chaque année.. On ne compte plus le nombre de bagues matricules retrouvées dans leurs aires et leurs pelotes de réjection.. On sait ainsi que la plus grande partie des voyageurs prélevés est composée essentiellement de jeunes de l’année, mais on y retrouve aussi des vieux.. Pour ma part, il est clair que le chiffre annoncé plus haut est largement sous-estimé.

Durant le seul été 2013, j’ai perdu 74 pigeonneaux autour de mon colombier de Lucéram, presque tous tués sous mes yeux alors qu’ils effectuaient leurs premières volées.. Je ne compte pas ceux perdus en course ou en entraînement au bénéfice du doute. J’ai fait le calcul suivant : Si je ramène ma perte de 2013 à moins de la moitié, c’est à dire 35, et que je la multiplie par le nombre de colombophiles français, c’est à dire un peu plus de 20 000, j’arrive à un total de.. 700 000 pigeons voyageurs tués chaque année en France !! Chacun en pensera ce qu’il voudra mais moi, certains chiffres me laissent perplexes.. Cela dit, je ne connais aucun colombophile qui perde moins de 35 pigeons par an.. Les autorités ont été alertées depuis longtemps car nos voyageurs sont protégés tout comme le sont les rapaces lorsqu’ils sont en nombre raisonnable.. Les choses ne semblent pas tellement bouger.. Si vous ne comprenez pas l’exaspération des colombophiles, posez-vous la question suivante : « Comment réagirais-je si mon chien se faisait systématiquement attaquer par un rapace à chaque sortie sur la terrasse ou que mon chat se fasse éviscérer sur le canapé par un deuxième entré par la fenêtre? »

Le colombophile ne compte pas les heures passées à prodiguer des soins, perfectionner son savoir et bichonner ses athlètes.. Personnellement ces becs busqués et ces griffes acérées me mettent hors de moi.. Ces rapaces assassinent nos pigeons, souvent dans notre propriété et, par dessus le marché, ils sont protégés.. L’autour se cache dans un feuillu du voisinage, observe et attend le moment opportun pour venir attaquer sur votre pelouse à quelques mètres de vous.. Il s’en prendra notamment à vos oiseaux aux plumes mouillées qui viennent de prendre leur bain quotidien.. Ce comportement n’était jamais observé aux abords des maisons il y a vingt ans encore.

Régulation & Indemnisation

Le faucon pèlerin et son grand cousin l’autour des palombes ne sont pas des oiseaux grégaires et ce, quelle que soit la période de l’année.. Chaque couple doit, en situation d’équilibre, veiller sur un territoire d’environ 60 kms carrés. Chez moi, je les observe très régulièrement à six ou sept ensemble, se battant en plein ciel à coups de piqués vertigineux, essayant de s’attraper mutuellement par les serres, tout ceci agrémenté de cris belliqueux caractéristiques. J’ai même assisté il y a quelques années à la chute en tourbillons, probablement mortelle, de deux mâles Autour des palombes dont les serres des deux protagonistes sont restées accrochées.. J’observe, et je montre à ma famille, des combats d’oiseaux de la même espèce et d’autres inter-espèces presque tous les jours..

Rapaces en surnombre

Aucun doute possible pour moi quant à la reconnaissance des tiercelets qui font que la femelle de l’espèce la plus petite ressemble au mâle de l’espèce plus grande.. Peut-être pour le novice.. Il faut se rendre à l’évidence : Ces deux rapaces sont en surnombre. Il ne s’agit plus d’équilibre ni de chaîne alimentaire naturelle lorsqu’une partie majeure de cette chaîne est composée essentiellement d’animaux domestiques..

Il faut que les autorités réagissent afin qu’une partie de ces rapaces soit prélevée.. N’est-ce pas ce qui est fait quand le retour du loup dans les Alpes fait craindre pour l’oviculture ? Là aussi il y a eu débat mais des mesures ont été prises : Régulation et indemnisations.. Je suis de ceux qui ont engagé un véritable bras de fer pour défendre notre cause..

Les rapaces : sur le terrain

Pour le colombophile, il est déplorable de constater que 90% des attaques ont lieu autour du colombier et non « en concours », ce qui laisserait place au doute d’une part et pourrait plus facilement être assimilé à des impondérables : on traverse le territoire d’un prédateur sauvage, on a des chances de se faire attaquer.. Or, il n’en est rien..  Au moment du lâcher, concours ou entraînement, le pigeon voyageur décrit, en prenant de l’altitude, plusieurs grands cercles de « réglages et de mises au point » puis met directement le cap sur son colombier..  Il n’aura de cesse que de suivre ce cap sans étape, donc un trajet d’un point A (lieu de lâcher) vers un point B (sa maison) à vitesse relativement élevée..  Ses chances d’être attaqué sont assez faibles car il sait où il va et ne s’attarde donc pas dans un lieu précis.

Des volées sous haute surveillance

 Le rapace, assez territorial quant à lui, ne s’attaquera pas plus à un voyageur lancé à pleine vitesse, qui ne fait que passer, qu’à une palombe ou tourterelle turque.. Ce bolide qui rentre chez lui peut de plus bénéficier d’un coup de pouce (sur les ailes !) de son propriétaire qui pourra avoir peint ses rémiges avec une peinture spéciale, rose fuschia, qui respecte le soyeux du duvet le plus fin..

 

Cette peinture biodégradable est en revanche très chère.. Ce procédé renvoie des reflets très brillants quand l’oiseau est exposé aux rayons du soleil.. Dans la logique de ce que nous venons d’expliquer plus haut, pourquoi un rapace prendrait-il le risque d’attaquer cette couleur furtive qu’il n’a jamais vue auparavant? 

Il n’en va malheureusement pas de même pour les volées quotidiennes qui ne sont la plupart du temps que des sorties sous haute surveillance.. En effet, quand le pigeon voyageur ne rentre « en ligne droite » de concours ou d’entraînement, il s’entraîne quotidiennement à domicile, en décrivant à altitude moyenne de grands cercles, voire de grands 8, dont le centre est toujours son colombier..  

 

Ce sport de groupe de tous les jours est perçu de très loin par le faucon pèlerin et l’autour des palombes qui viennent presque systématiquement attaquer nos champions, à tel point que pour de nombreux colombophiles, entraîner ses pigeons revient à sonner la cloche pour le déjeuner pour des opportunistes toujours plus agressifs et nombreux.. Nos vieux briscards qui ont déjà eu le faucon « aux fesses », effectuent des changements de direction brutaux avant de plonger à pleine vitesse sur le spoutnik salvateur.. Non sans s’y blesser certaines fois tellement leur vitesse en piqué est élevée.. Les pigeons de moins d’un an n’ont en revanche quasiment aucune chance.. Il n’est pas question ici d’un prélèvement occasionnel mais d’attaques systématiques de prédateurs qui ont choisi la facilité en ciblant des animaux domestiques.. Même si chaque pigeon n’a pas une valeur d’un million d’euros comme celui acheté par un éleveur chinois en mars 2019, les pertes massives découragent de nombreux passionnés.. Perdre un pigeon était « la règle du jeu » lorsque j’étais enfant et que je considérais la prédation naturelle comme un risque normal.. A l’époque, elle se chiffrait pour moi à deux ou trois pigeons par an, les rapaces alors en nombre raisonnable trouvaient leur nourriture parmi les volatiles sauvages.. Entre 2008 et fin 2018, j’ai perdu plus de 650 pigeons voyageurs..

Soixante cinq pigeons par an en moyenne, un tous les cinq jours.. N’y a-t-il pas de quoi être découragé quand votre travail est systématiquement fichu par terre? Aujourd’hui, les pigeons bisets envahissent nos villes, les tourterelles turques et les palombes qui connaissent une explosion démographique dans les campagnes les colonisent tout autant.. L’augmentation sans précédent de ces deux dernières espèces attire les rapaces, en surnombre, jusqu’au dessus des villes.. Il est alors moins risqué de s’en prendre aux pigeons voyageurs, rencontrés en chemin et toujours au même endroit que d’effectuer des attaques 100% citadines..